Une étoile, un coeur, un dragon et ainsi de suite.....

(Avertissement : les propos dans ce billet m'appartiennent et sont mes propres croyances. Je ne tiens en aucun cas à choquer ou blesser qui que ce soit, le sujet est délicat donc je préfère prévenir)

Cela fait très longtemps que je pense à écrire ce billet , et que je repousse chaque jour. Bon en même temps j'aime bien déconner ici, l'humour est une formidable mise à distance (ce qui ne veut pas dire déni ...) et j'adore aussi quand vous toutes et tous venez me dire avec tendresse et attention que vous avez bien rigolé. ça me fait un bien fou, soyez en toutes et tous remerciés. 

Mais un sujet un peu sérieux de temps à autres ne fait pas de mal ! 

Donc cela fait très longtemps que je veux écrire ce billet (qui a toujours été en moi en fait) et une rose a publié hier sur le groupe une question qui me donne aujourd'hui l'occasion d'aborder le sujet (déjà abordé un peu dans mon billet "Marie a dit") frontalement ! (à la mode de chez moi quoi pour ceux et celles qui me connaissent bien :) 

Pourquoi le cancer ? Globalement, c'est une question, je pense, que la majorité des gens se pose et plus encore à l'annonce du diagnostic. "Pourquoi moi ? Pourquoi moi qui n'ai jamais fumé, bu, mangé de saloperies ? Pourquoi alors que j'ai une vie saine , que je fais du sport ? Pourquoi alors qu'il n'y en a jamais eu dans ma famille ? Pourquoi alors que mes résultats génétiques sont négatifs ? " sont quelques une des questions récurrentes que l'on retrouve fréquemment sur groupes et forums. On sait bien sûr aujourd'hui que le cancer est multifactoriel : le changement d'une cellule disons normale en cellule cancéreuse serait du à des facteurs de risques bien identifiés : mode vie, alimentation, patrimoine génétique, environnement. Pourtant , même si l’étude des mécanismes biologiques à l’origine des cancers ( cancérogenèse ça s'appelle comme ça petit Padawan) a permis de mettre en lumière certains facteurs qui augmentent le risque de cancer, on ne sait toujours pas comment ce petit salopard fonctionne réellement ! 

En ce qui me concerne, à l'annonce du diagnostic,  je ne me suis pas posée  la question du "pourquoi" mais plutôt "Comment s'est il déclenché ce cancer ?". Je pense que j'étais préparée aussi : des années d 'examens annuels, une première opération il y a 25 ans, ont fait que j'ai sans doute intégré que cela pouvait m'arriver aussi comme justement à n'importe qui. Oui le cancer est une loterie, un coup de "pas de chance", c'est aussi vrai, ce sont d'ailleurs souvent les mots du corps médical quand la personne ne comprend pas pourquoi elle a un cancer alors qu'elle ne présente aucun des facteurs de risques ! 

Il me semble pour autant que la question trop lontemps mise de côté et ignorée alors qu'elle est fondamentale est bien celle-là : comment le cancer se déclenche t-il ? Or certains oncologues, scientifiques, thérapeutes, avancent un autre facteur de risque tabou et négligé : la dimension émotionnelle. Qui n'a jamais entendu dire par exemple : "Après la mort de son mari elle a déclenché un cancer ?" Je caricature à peine.....

Cette rose donc a posé sur le groupe  LA QUESTION qui s'imposait et a eu le courage de le faire ! En gros, elle a demandé (je change les termes par respect et soucis d'anonymat) : " Dites les filles, avez vous le même ressenti que moi concernant votre cancer ? Moi il est arrivé après avoir enchâiné galéres sur galères et chocs emotionnels pendant des années....". Et là....miracle ! Des dizaines et dizaines de réponses qui n'émergent jamais en public mais très souvent en privé (oui ça ne se fait toujours pas socialement de s'interroger sur le sens de la maladie en général....Forcément ça responsabilise un peu :) autant prendre ses traitements sans se poser de question hein) : déboulent là !!!! Donc oui  soyins claires,  les femmes le savent bien au fond d'elles même le lien entre choc émotionnel et cancer ! Attention je ne dis pas que nous allons tous déclencher un cancer à cause d'un choc émotionnel ! (Tu comprendras en fin de billet petit Padawan !)

Morceaux choisis parmi les roses visiblement soulagées de pouvoir balancer la sauce : 

"8 ans à vivre avec un mari violent et alccolique , accoucher seule de mes deux filles", "Suicide de mon frère, décès de ma mère"," le cancer s'est déclenché à la suite de 12 années pourries avec le père de mes enfants et je suis en procédure judiciaire à ce jour","dépression après l'infidélité de mon mari suivie d'un burn out""mon ex mari a tué son épouse et s'est suicidé après", "ma mère a été malade et j'ai été obligée malgré moi de la placer en centre adapté", "décès de ma fille, cancer de la mère et suicide de mon père la même année", .............

Que de souffrances....

Il serait bien inutile de reproduire tous les témoignages mais toutes parlent des mêmes épreuves de vie ("décès, séparation violente, harcèlement, violences conjugales, etc etc") et de "choc émotionnel", "traumatisme",  et une très très grande majorité dit : "Le cancer a été une manière de m'écouter enfin". Le corps, donc, comme une alerte, un thermomètre de notre vrai moi, le corps qui dit stop ! Alors évidemment la question qui se pose aussi avec tout ca, c'est la suivante : comment toutes ces femmes avec ce qu'elles ont vécu de si violent  n'ont elles pas pu être accompagnées en amont , de la meilleure manière qui soit afin d'éviter que le cancer se développe justement  ? (les cellules cancéreuses nous les avons toutes et elles se réveillent aussi sous stress trop intense...autre billet à venir plus tard....un peu comme l'herpès qui se réveille...). Nous sommes dans une société de la performance et de la camisole chimique. Nous ne prenons plus le temps de.....ressentir, ni de pleurer ! Je me souviens qu'à la mort d'Henri (mon amoureux, leucémie), il y a cinq ans, je suis allée voir mon généraliste en larmes évidemment. Je chopais tous les virus possibles. Je ne m'en sortais pas, mon corps fatiguait, j'avais besoin de vitamines, d'un truc pour m'aider. Quand je lui ai parlé de son décès, il m'a dit : "Bon je vous prescris un anti dépresseur". Je suis restée pantoise.  J'ai dit : "Pour quoi faire ?" . Et lui (mais je ne lui veux pas :) : "Ben vous pleurez !" L'anecdote  est frappante : parce que je lui ai dit ceci : "Je pleure parce que l'homme que j'aimais est mort. Je risque de pleurer encore, ça ne fait que deux mois. ça prendra le temps qu'il faut". Attention mon propos n'est pas de juger les personnes qui prennent des anti-dépresseurs, jamais je ne me le permettrai, il arrive qu'on soit tellement à bout que c'est la seule solution qu'on a (ou qu'on pense avoir à notre portée ....) Mais que me proposait-il en fait ? Il me proposait tout bonnement d'étouffer ma douleur. Mon propos est de dire : notre société ne supporte pas les deuils, les épreuves : les propos de mon medecin s'il avait été formé a autre chose auraient du être : "C'est normal de pleurer après une telle épreuve, ça va durer un peu mais ça passer". Et ça je veux le dire ! 

J'ai beaucoup pleuré la mort d'Henri. ça m'a pris beaucoup de temps. Mais c'est vrai qu'à un moment donné je me suis disons interdit d'en parler..... Je me suis interdite moi même d'accepter cette peine. J''entendais aussi que je devais passer à autre chose. Personne n'est responsable puisque c'est ce que je me disais en moi même.  C'est juste un constat. Super Z date mon cancer de cette époque alors qu'il ne connait pas ma vie. Et je pense qu'il a raison. C'est cette très très très grande douleur je pense aujourd'hui, qui malgré les larmes versées, je ne me suis pas autorisée à accepter, à acceuillir, tellement préoccupée de donner mon image de nana forte, drôle et combative. Je me suis en gros persuadée qu'après toutes les épreuves que j'avais déjà eues (je fais pas Cosette hein c'est une réalité comme toutes ces Roses qui se sont exprimées sur le sujet), bah de la gnognotte hein ! On va pas en faire un plat quoi hein ! 

Ben si je pense que j'aurais du sans doute un faire un plat en fait.....

Aujourd'hui je suis intimement convaincue que le cancer arrive sur le terrain de tout ca : quand il est temps de dire stop, de penser à soi même, de cesser d'être celui ou celle que nous ne sommes pas vraiment. 

Alors petit Padawan tu sais ce qu'il te reste a faire hein maintenant ? Pleurer quand t'en as envie, te plaindre quand t'en as envie, t'autoriser à couper les ponts avec des gens qui te pourrissent la vie, dire non et pas oui quand ta petite voix intérieure te hurle de dire non, rester en boule quand t'as envie sous la couette, en bref : être ton vrai moi et t'aimer comme ça. C'est la meilleure prévention contre la maladie : te respecter et t'aimer. Et même si la maladie arrive, il n'est pas trop tard ! La preuve :) 

Je finis ce billet avec ce que deux roses ont vu sur leur échographie. Moi c'était une étoile  mon cancer.   Une autre rose a écrit donc : "2 décès d'amies en 2 mois mon cancer avait la forme d'un coeur". Oh .... !!!!!!! Elle promet d'envoyer le cliché. Moi qui pensait être ma seule à avoir vu le "visage" de mon cancer sur les clichés et être complètement perchée en la matière ! L'auteur du statut lui emboite le pas : "Le mien ressemblait à un dragon !". Elle publie le cliché et incroyable mais je vous assure que c'est vrai c'est bien un ....dragon ! Et elle ajoute : "Je devais être très en colère". Bien vu .

Etoile, coeur, dragon....peu importe. Le cancer vient quand même dire, à sa manière, qu'il est enfin temps de prendre soin de nous. Il nous force à le faire ! 

Moi je lui dis merci pour toutes ces très belles rencontres que je fais depuis cette annonce. Merci Sev, Merci Laeti, Merci Marie , Merci Steph, Merci Inma, Merci petite Squaw, Merci Marion, et merci de tout mon coeur à toutes et tous ! Prochain billet : "Le voyage avec Claire" et ça va dépoter ! 

Ps : en photo, ma fille à 4 ans. 

PPS : Ma A chérie  ce gateau spécial pompiers  tu vas me le faire hi hi hi !!!!!